Growth of class numbers in \({\mathbb{Z}}_{\ell}\)-extensions connected with imaginary quadratic fields (Q1103672)

L'auteur établit un analogue remarquable des théorèmes de Washington et Friedman sur les \({\mathbb{Z}}_{\ell}\)-extensions cyclotomiques des corps absolument abéliens, dans le cas où le corps de base n'est plus le corps des rationnels mais une extension quadratique imaginaire de celui-ci. Rappelons la situation cyclotomique: Etant donnés \(s\) nombres premiers distincts \(\ell_1,\ldots,\ell_s\), pour tout multi-indice \(n=(n_1,\ldots,n_s)\), soit \(\Lambda^n=\prod \ell_i^{n_i}\) et \(\mathbb Q_{\Lambda^\infty}=\prod \mathbb{Q}_{\ell_i^\infty}\) la composée des \(\mathbb Z_{\ell_i}\)-extensions cyclotomiques de \(\mathbb Q\). Puis, pour \(p\) premier et \(F\) abélien sur \(\mathbb Q\), soit \(e_p(n)\) la \(p\)-valuation de l'ordre du \(p\)-groupe \(C\ell (F_{\Lambda^n})\) des classes d'idéaux de l'unique sous-extension \(F_{\Lambda^n}/F\) de degré \(\Lambda^n\) de l'extension procyclique \(F\mathbb Q_{\Lambda^\infty}/F\). Les résultats de \textit{E. C. Friedman} [Invent. Math. 65, 425--440 (1982; Zbl 0495.12007)] affirment: (A) Si \(p\nmid \Lambda\), alors \(e_p(n)\) reste borné lorsque \(n\) parcourt \(\mathbb N^s\); (B) Il existe \(\lambda =(\lambda_1,\ldots,\lambda_s)\in \mathbb N^s\) et \(\nu =(\nu_1,\ldots,\nu_s)\in \mathbb Z^s\) avec \(e_{\ell_i}(n)=\lambda_i n_i+\nu_i\), pour chacque \(i\), pour \(n\) assez grand. Le résultat de l'auteur est le suivant: Étant donnés \(s\) idéaux premiers distincts \({\mathfrak l}_1,\ldots,{\mathfrak l}_s\) d'un corps quadratique imaginaire \(K\), décomposés dans \(K/\mathbb Q\), soit \(R_{\Lambda}=\prod R_{{\mathfrak l}_i}\) le produit des complétés correspondants de l'anneau des entiers de \(K\), et \(K_{\Lambda^{\infty}} = \prod K_{{\mathfrak l}_i^{\infty}}\) la composée des \(R_{{\mathfrak l}_i}\)-extensions \({\mathfrak l}_i\)-ramifiées de \(K\); puis, pour tout multi-indice \(n\in\mathbb N^s,\) soit \(\Lambda^n = \prod {\mathfrak l}_i^{n_i}\). Alors, pour tout premier \({\mathfrak p}\) dans \(K\), au-dessus d'un nombre premier \(p>3\) non ramifié dans \(K/\mathbb Q\), et \(F\) abélien sur \(K\), la \(p\)-valuation \(e_p(n)\) de l'ordre du sous-groupe de torsion \(X(F_{\Lambda^n})_{\tau}\) du groupe de Galois \(X(F_{\Lambda^ n}) = \mathrm{Gal}(M_{\Lambda^n}/F_{\Lambda^n})\) de la \(p\)-extension abélienne \({\mathfrak p}\)-ramifiée maximale du corps \(F_{\Lambda^n}\), unique sous-extension de \(FK_{\Lambda^{\infty}}/F\) de degré \(N(\Lambda^n)\) sur \(F\), vérifié (A) et (B) comme ci-dessus. Et le même résultat vaut encore en remplaçant les groupes \(X(F_{\Lambda^ n})_{\tau}\) par les \(p\)-groupes de classes d'idéaux au sens ordinaire des corps \(F_{\Lambda^n}\). Comme dans [Invent. Math. 75, 273--282 (1984; Zbl 0531.12004) par \textit{W. Sinnott}, le théorème obtenu repose sur un résultat d'indépendance algébrique qui permet ici d'affirmer que peu de nombres de Bernoulli-Hurwitz vérifient une certaine congruence, ce qui fournit le résultat attendu, via un critère de Kummer convenable. Le passage de (A) à (B) utilise l'analogue \(\mu =0\) de l'identité de Ferrero et Washington étendue antérieurement par l'auteur à ce cadre elliptique [J. Reine Angew. Math. 358, 76--91 (1985; Zbl 0551.12011)]. Enfin, lorsque les idéaux premiers \({\mathfrak l}_1,\ldots,{\mathfrak l}_s\) ne sont pas tous décomposés dans \(K/\mathbb Q\) (i.e. lorsque le groupe de Galois \(R_{\Lambda} = \mathrm{Gal}(K_{\Lambda^{\infty}}/K)\) n'est plus procyclique), l'auteur montre que le résultat (A) peut être en défaut, en construisant un contre-exemple à la manière de \textit{K. Iwasawa} [in: Number Theory, Algebraic Geometry, Commutative Algebra, in Honor of Y. Akizuki, 1--11 (1973; Zbl 0281.12005)], en s'appuyant ici sur une formule de points fixes pour les groupes \(X(F_{\Lambda^ n})_{\tau}\) prolongeant celle donnée par \textit{G. Gras} [J. Reine Angew. Math. 333, 86--132 (1982; Zbl 0477.12009)]